Pour en revenir au sujet, la liberté.
J'avais eu une analyse intéressante d'un prof de sociologie, quand j'étais encore étudiant (il y a une quinzaine d'années, -> le premier qui dit que je suis vieux il est viré
), et je vous la propose, car je l'ai toujours trouvée très intéressante, je la considéré "novatrice" à l'époque, mais au fil des années je me suis rendue compte qu'elle se concrétisait devant mes yeux.
C'est quoi pour vous la liberté ? Pour moi, c'est être libre de mes choix, de mes pensées, de mon expression, de pouvoir changer d'avis, voir de changer de vie si je le souhaite.
A chaque époque, la notion de liberté évolue.
Quelle est donc la première chose à exiger pour être libre aujourd'hui, dans notre société de consommation ?
Ne pas avoir de dettes.
Pourquoi ?
Simplement parce quand on a des dettes, on doit travailler, pour les rembourser.
Dans une société où la moitié des richesses produites (PIB) proviennent de la spéculation des banques sur les marchés financiers, l'emploi ne court plus les rues. (d'autant plus vrai aujourd'hui)
Quand on a des dettes, on est quasi obligé de rester dans son emploi, de peur de ne pas en trouver un autre et de ne pas pouvoir les payer. La peur de la pauvreté et de se retrouver sans toit et l'une des plus grandes peurs des européens, et particulièrement des français. Et d'après ce prof, cette peur est parfaitement exploitée.
Par exemple, vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi les gouvernements actuels veulent que leurs peuples soient propriétaires (argument que tous les candidats européens de toutes les élections rabâchent) ?
C'est pour le bien du peuple ? Pour qu'il ait absolument un toit et que si ca va mal il puisse au moins ne pas se retrouver à la rue ?
Oui, c'est mieux pour chacun d'avoir un toit à soi. Et forcément, cet argument mis en parallèle avec la peur de chacun de se retrouver un jour à la rue, et un argument de campagne qui fait toujours mouche.
Mais si on gratte un peu plus loin, on peut distinguer un autre objectif que le bonheur collectif.
Certains diront que ça fait tourner l'immobilier. C'est vrai, c'est de l'emploi (6 ou 7% du PIB de mémoire). Cela justifie même des aides fiscales.
Mais le gros des achats immobilier se fait sur de l'ancien, donc ça ne fait pas tourner le BTP.
Alors il s'agit bien d'un argument purement de bien être collectif, non ?..
Enfin, grattons encore. Pour devenir propriétaire, il faut de l'argent.
Et l'argent même si on économise beaucoup, rares sont ceux qui peuvent acheter cash leur premier logement.
Alors on prend un crédit immobilier. On s'endette, le tout avec les encouragements de l'état et maintenant avec carrément des aides (ptz, remboursement de 20% des intérets des crédits, pret écolo, etc...).
Et alors, où est le problème ?
Quand on prend un crédit sur 25 ans (qui est la norme aujourd'hui), on verse en intérêts l'équivalent de 2/3 de la somme qu'on emprunte et on a une dette sur plus de la moitié de sa vie active.
Prenons un exemple.
Un jeune couple de 30 ans, qui gagne 3000€/mois achete une maison 200 000€ sur 25 ans
Au taux actuel ca lui coutera :
200 000€ + 140 000€ d'intérêts. Soit 340 000€ à payer sur 25 ans, des mensualités de 1100€.
Qu'en déduire ?
- Que ce couple mets un tiers de ses revenus mensuels dans le crédit sa maison, et cela jusqu'à leurs 55 ans.
- Que la banque les plume
- Que durant toute cette période ils ne doivent en aucun cas se retrouver sans emploi, car ce qui représente aujourd'hui 1/3 de leurs revenus passerait immédiatement à la moitié.
Au final, ce couple ne peut plus risquer de changer d'emplois "facilement" car il faut payer les mensualités (emploi ou pas), il n'est plus libre de prendre une année sabbatique, il est préoccupé en permanence par son budget et n'a plus le temps de s'occuper réellement d'autres chose, il ne peut plus se permettre de se mettre un mois en grêve sinon ils ne paye plus ses traites, etc....
La conclusion du prof était quasi textuellement celle ci :
"
Depuis toujours, les élites ont pensé que la meilleure façon de priver un peuple de sa liberté, c'est de l'aider à se mettre lui même les chaines qui le paralyseront. Une fois le peuple enchainé et dépendant, il devient soumis, servile, et peu réactif aux décisions de ses gouvernants.
Chaque époque à ses chaines, celle d'aujourd'hui est l'endettement permanent et consenti, et les geoliers sont les banques, que les élites adulent pour qu'elles leurs donnent les moyens de rester en place. "
A l'époque je trouvais ça très interessant mais très farfelu, j'étais jeune et certain qu'un européen moyen n'était pas assez débile pour s'endetter quasiment à vie.
Et puis j'ai vu la bulle immobilière, l'état qui poussent depuis 10 ans à s'endetter pour chacun puisse profiter du "bien être", (aujourd'hui, la moitié des crédits immo sont sur plus de 25 ans, et jusqu'à 30), les cartes de crédits pousser comme des champignons, je vois nos gouvernements ne surtout pas s'opposer aux cartes revolving, etc...
Maintenant, je comprend ce cours, et je me suis dit qu'il avait sa place dans cette file
Bonne réflexion.
PS : Grâce à ce prof, je n'ai jamais pris un seul crédit de ma vie.
Si tout le monde vous donne raison, c'est que vous êtes d'une intelligence remarquable … ou bien que vous êtes le patron ! (Desproges)