Les choix culture du « Point » : du magicien Woody Allen à la sorcière Kate Bush

Films, expositions, séries, livres, musiques… Chaque semaine, chez vous ou n'importe où ailleurs, à voir, à lire ou à entendre : on aime, on vous le dit.

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Philippe Torreton (à droite) et Guy-Pierre Couleau dans « La Vie de Galilée », à la Scala, à Paris, jusqu’au 9 octobre.

Philippe Torreton (à droite) et Guy-Pierre Couleau dans « La Vie de Galilée », à la Scala, à Paris, jusqu’au 9 octobre.

© Simon Gosselin

Temps de lecture : 7 min

On court voir Un jour de pluie à New York

Un Woody Allen en grande forme, de retour dans sa ville de prédilection, New York, qu'il sait filmer comme personne sur un air jazzy du pianiste Errol Garner. Dans cette savoureuse comédie romantique, il est question d'amour, de rendez-vous manqués, de quiproquos, de rencontres hasardeuses et d'un week-end amoureux dans un grand hôtel de Manhattan. Celui de Gatsby (Timothée Chalamet), jeune étudiant flambeur, avec sa copine Ashleigh (Elle Fanning), « ravissante idiote » (dirait Édouard Molinaro) raide dingue de cinéma, va être mouvementé. Rien ne se passe comme prévu. Tout ça parce que cette Miss Arizona doit faire, pour le journal de sa fac, l'interview d'un réalisateur-culte complètement paumé (Liev Schreiber). Tout autant que le scénariste (Jude Law) et la star (Diego Luna) qu'elle va croiser. Pendant ce temps-là, la pluie tombe sur la ville et Gatsby retrouve par hasard Chan (Selena Gomez), la petite sœur de son ex-fiancée. Les dialogues sont brillants, les personnages attachants. On est sous le charme.

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La Terre tourne autour de Philippe Torreton !

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© Simon Gosselin">

Philippe Torreton, magnifique, dans « La Vie de Galilée » de Bertold Brecht.

© Simon Gosselin
Philippe Torreton est partout ! Au cinéma, dans des téléfilms et des séries et voilà l'ex-sociétaire de la Comédie français qui revient sur les planches au théâtre, après les pièces Bluebird et Mec ! l'année dernière. Et quel retour pour le molière du meilleur comédien (Cyrano de Bergerac en 2014) et césar du meilleur acteur (pour Capitaine Conan en 1997) ! Il faut le voir s'époumoner aux côtés d'une douzaine de comédiens magnifiques, dont sa fille Marie Torreton, dans son rôle du mathématicien Galilée. Un génie incompris qui doit lutter contre les obscurantistes et contre ses propres découvertes et finira écrire secrètement et faire publier son œuvre majeure, les Discorsi, où il démontre notamment que la Terre tourne autour du Soleil et n'est donc pas le centre de l'univers. Philippe Torreton porte haut le verbe de Bertold Brecht, qui a même révisé le monologue écrit en 1938 après le bombardement d'Hiroshima en 1945. Galilée s'y accuse d'avoir trahi « le seul but de la science », qui est de « soulager les peines de l'existence humaine ». Audacieusement mise en scène dans un décor en clair-obscur par notre Argentine nationale Claudia Stavisky, directrice du Théâtre des Célestins de Lyon qui nous a récemment comblé avec son Rabbit Hole, la pièce de Bertolt Brecht reste glaçante de modernité.

La Vie de Galilée.À la Scala, à Paris, jusqu'au 9 octobre, puis 17 et 18 octobre au Liberté, à Toulon, 5-7 novembre à La Criée, à Marseille, 11-12 novembre à Châteauroux et du 15 novembre au 1er décembre aux Célestins à Lyon, 17 au 18 décembre à Antibes, 8 au 10 janvier 2020 à Saint-Étienne, 17 janvier à Nevers et au Quai, à Angers, du 23 au 25 janvier 2020.

Kate Bush, la sorcière du son

Arte a encore frappé  ! La chaîne franco-allemande a eu l'excellente idée de produire un documentaire sur la mystérieuse Kate Bush. L'interprète de «  Babooshka », «  Running Up That Hill » ou «  Wuthering Heights », découverte en 1975 par David Gilmour (le guitariste des Pink Floyd) voit son œuvre décortiquée en 53 minutes. La réalisatrice Claire Laborey a rencontré les choristes, les ingénieurs du son, les musiciens, les photographes qui ont côtoyé de près la chanteuse pour en faire un subtil portrait ou les archives s'entrecroisent. On y apprend de nombreuses anecdotes sur sa rencontre avec le mime Lindsay Kemp qui deviendra son mentor ainsi que son perfectionnisme musical et scénique. Artiste totale, ce sont ses multiples expérimentations sonores sur les disques Never for Never(1980) et The Dreaming (1982) qui lui donneront le surnom de sorcière du son. Claire Laborey tente de percer ses inspirations cabalistiques et ésotériques dans l'album new wave Hounds of Love. « Kate Bush a quelque chose de l'oracle, analyse le bassiste Youth [du groupe The Killing Joke]. Il y a un côté très chamanique en elle. C'est une sorte de déesse. » On regrettera que la native de Londres ne soit pas sortie de sa retraite médiatique pour participer au film. Absente depuis 2014, elle est découverte par la nouvelle génération grâce à l'utilisation de ses chansons («  Cloudbusting » et «  This Woman's Work ») dans la série The Handmaid's Tale. Ce documentaire qui réjouira les fans donne envie de réécouter la voix magnifique de Kate bush pour voyager dans des univers mélancoliques ou la fantasy n'est jamais bien loin.

Arles, dernier week-end pour les rencontres photo !

festival, photo, France

Rencontres de la Photographie Arles 2019


C'est la dernière semaine. La 50e édition des Rencontres ferme ses nombreuses portes (51 expositions !) le 22 septembre les visiteurs se comptent, désormais comme chaque année, par milliers. Quelques pépites… C'est au Monoprix, près de la gare, que l'artiste franco-algérien Mohamed Bourouissa propose son « Libre-échange », entre vidéos et photos, signalétique du Monop intégrée à la visite, expo-choc qu'il faut absorber lentement : le monde est là, le trafic, l'amitié, l'extérieur/intérieur : simple et bien complexe. À l'espace Van-Gogh, la très belle rétrospective d'Helen Levitt grande figure de la street photography des rues de New York dès les années 1940 et « Unretouched woman » des photographes femmes (rares) de Magnum, Abigail Heyman Eve Arnold et Susan Meiselas (dont la carrière a été récompensée par le prix Women in motion décerné par Kering, cet été). Philippe Chancel a su utiliser le vaste espace de l'église des Frères-Prêcheurs pour mettre en scène les dommages du monde avec ses photos XXL. La Movida des années 1980 au cloître Saint-Trophime, de même que les photographes est-allemands avant la chute du mur aux Ateliers témoignent d'une « Histoire » pas si lointaine. Grande révélation : la cinéaste et photographe grecque Evangelia Kranioti, dont l'univers sombre, baroque, a séduit jury et public. À la maison des peintres, ne pas rater le « Home, sweet home » de nos (encore) cousins britanniques, de même que « Anonymous project » qui a décoré une (vraie) maison avec des photos. Et enfin : « Photo brut », formidable enquête dans le monde de l'art brut à l'atelier de mécanique générale et, bien sûr, la très riche « Zone », de la galerie des roses, qui montre la vie de la banlieue au début du XXe siècle à Croisière. Enfin, la rétrospective Harry Gruyaert, maître flamand de la couleur, à l'Hôtel départemental des arts à Toulon, dans le cadre du Grand Arles express. D'autres expos restent ouvertes, à consulter sur www.arles-rencontres.com.

Todd Hido, le maître des lumières

photo, couleur,  portrait ©  Todd Hido courtesy Fille du Calvaire

Todd Hido portraits

« Light from wthin »

© Todd Hido courtesy Fille du Calvaire
lumière, photo, art ©  Todd Hido courtesy Filles du Calvaire

Paysages, Bright Black World

Todd Hido « Light from wthin »

© Todd Hido courtesy Filles du Calvaire

« Lumière de l'intérieur ». Le titre de l'exposition parisienne de Todd Hido reflète parfaitement le lien, le passage que ce génial photographe américain crée entre le paysage intérieur et l'espace tout autour. Avec lui, le temps oublie les conjugaisons. Il n'est pas aboli, mais suspendu. Le sens d'un regard, la pâleur d'une peau, le rouge d'une bouche, le mouvement d'une branche, l'étroitesse d'une route sont autant d'indices pour essayer de pénétrer dans un univers qui n'est pas le nôtre. Ses portraits de femmes sont source de mystère. On pourrait les croire échappées d'un tableau d'Edward Hopper ou modèles des peintres de l'âge d'or flamand. Todd Hido est né en Ohio, à la fin des années 1970. Le photographe reconnaît avec plaisir l'influence des grands maîtres, citant Robert Frank comme Stephen Shore. Pour « Light From Within » aux portraits de femmes, il a ajouté ceux des maisons. Mais cette fois, elles ne sont pas américaines, comme celles qu'il a photographiées dans l'Ohio ou en Oregon. Celles-ci, il les a cherchées dans le nord de l'Europe, jusqu'en Islande.

« Light from within » jusqu'au 19 octobre. Galerie Les filles du calvaire. 17, rue des Filles du calvaire, Paris 3e www.fillesducalvaire.com 01 42 74 47 05. Du mardi au samedi 11 heures/18 h 30.

L'increvable Liam Gallagher

Liam Gallagher ©  WEA
Liam Gallagher © WEA
Il est revenu de tout. L'alcool, la drogue, le divorce, le rock'n'roll, l'explosion de son groupe, les guerres fratricides… Impulsif, arrogant, vulgaire, hypersensible, pilier de pub un peu trash qui est capable de boire 30 Guinness d'affilée, Liam Gallagher, l'ex-chanteur d'Oasis, a eu du mal à retrouver sa voix et sa voie. Mais le cadet de la fratrie la plus cool du rock'n'roll a la rage de vaincre, et il a envie de la cracher dans un micro. « Now I'm back in the city / The lights are up on me / They tried to keep me locked away / But hallelujah I feel free », chante-t-il en ouverture de ce deuxième opus dont il a lui-même écrit les paroles (accompagné d'une équipe d'auteurs) baptisé Why Me ? Why Not, un album sans risque, mais efficace, inspiré par The Who, T Rex et les Beatles (Meadow). D'ailleurs, John Lennon est son chanteur préféré. Dans « One of us », on ne peut s'empêcher de voir une adresse à son frère (même s'il s'en défend dans une interview à retrouver vendredi sur le site du Point Pop) : « Act like you don't remember / You said we'd live forever / who do you think you're kidding / You are only one of us ». Le premier album solo de Liam Gallagher, As You Were, disque de platine, l'avait à nouveau propulsé aux sommets des charts anglais… Alors pourquoi celui-là ? Pourquoi pas !

Why Me ? Why Not (sortie le 20 septembre chez WEA). Documentaire As It Was. En concert au Zénith de Paris, le 21 février prochain.



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Commentaire (1)

  • guy bernard

    Un mot sur Kate Bush qui a été une grande émotion musicale, accentuée encore par sa chorégraphie.
    A l'époque, je croyais cette musique élitiste, mais ce n'est pas vrai ; tout le monde a été indistinctement touché.
    Fantastique documentaire sur sa vie ! À voir en Replay.