En retrouvant John Parish, le rockeur américain remet les doigts dans la prise et ça lui va toujours aussi bien.
À l’automne 2020, au moment de dévoiler les chansons pop de son précédent album, Earth to Dora, Mark Oliver Everett les espérait “apaisantes” alors que le monde entier était pris de stupeur. Aujourd’hui, le leader d’Eels semble avoir mis de côté la perspective que sa musique puisse adoucir les mœurs. Ou alors il a retrouvé la voie la plus courte pour exorciser ses démons.
Extreme Witchcraft marque en effet le retour à un songwriting tranchant et aux brûlots électriques (Good Night on Earth, le pétaradant Steam Engine ou The Magic). Porté par ses guitares saturées et sa rythmique alerte (quasi du Diddley beat), Better Living Through Desperation a tout du manifeste – “mieux vivre grâce au désespoir”, pas moins – et résume l’état d’esprit combatif d’Everett.
Est-ce que John Parish, producteur et guitariste de PJ Harvey, qui recroise le chemin de l’Américain pour la première fois depuis Souljacker (2001), a pu jouer un rôle déterminant dans ce retour de flammes ? Peut-être – le chanteur qualifie l’Anglais de “savant fou” et affirme qu’avec lui “vous obtenez des choses que personne d’autre n’obtient”.
Plus sûrement, Everett a su transformer sa colère face au chaos en une douzaine de morceaux enlevés, des véhicules cathartiques qui foncent pied au plancher. Entre deux éclats de rage (What It Isn’t et I Know You’re Right), il place avec Learning While I Lose l’une de ces mélodies poignantes dont il a le secret.
Extreme Witchcraft (E Works/PIAS). Sortie le 28 janvier.
Concert le 28 mars à Paris (Salle Pleyel).