Guitares incandescentes, références évidentes aux Talking Heads et mélodies accrocheuses : le trio irlandais renoue avec l’énergie électrique de ses débuts.
En 2010, découvert sur MySpace par les oreilles averties de Gildas Loaëc du label Kitsuné, et fort d’un premier album (Tourist History) mixé en partie par Philippe Zdar, les trois Irlandais de Two Door Cinema Club se faufilaient à merveille dans le retour des groupes à guitare. Avec leurs riffs débraillés, leurs rythmes soutenus, leur goût de la mélodie explosive, leurs références post-punk (trop) évidentes, et la voix de dandy maniéré du chanteur, le trio multipliait les disques d’or tout en se transformant en véritable tornade à faire suer les foules.
Les deux albums suivants – Beacon (2012) et Gameshow (2017) –, où le trio donnait l’impression de tourner en rond, essuyant la voie d’un rock moins rêche et commercial tout en se laissant séduire par quelques tentations électro et post-disco, avaient eu raison du groupe qui décidait de raccrocher les gants. Une pause de courte durée, deux ans à peine, brisée par un quatrième LP, False Alarm (2019), où Two Door Cinema Club ne changeait pas sa formule gagnante mais lassante, et s’avérait plus perspicace lorsqu’il sortait des sentiers battus pour des morceaux plus hybrides et synthétiques.
Le retour d’une influence majeure
Avec Keep On Smiling, cinquième album studio enregistré pendant les deux confinements et produit par Jacknife Lee (Bloc Party, The Killers) et Dan Grech-Marguerat (Lana del Rey, George Ezra), le trio s’est souvenu de ses débuts et de son influence majeure : les Talking Heads. Avec ses boucles funky à la Chic, son autotune posé avec délicatesse, ses clins d’œil expérimentaux et ses guitares en feu, Two Door Cinema Club renoue avec la fougue débridée et adolescente de leurs débuts. Si Keep On Smiling contient quelques tubes en puissance (Everybody’s Cool, largement pompé sur Burning Down the House des Talking Heads ; Lucky, qu’on pourrait confondre avec un morceau égaré des Klaxons ; Millionaire et son disco énervé), on peut aussi reprocher au trio de rester soigneusement, tout en augmentant le volume, dans sa zone de confort post-punk. Alors même qu’ils ne sont jamais aussi brillants que lorsqu’ils empruntent des voies de traverse, comme sur Disappearer, qui clôt l’album comme la rencontre impromptue entre Suicide et Daft Punk dans un ascenseur.
Keep On Smiling (Lower Third/PIAS). Sortie le 2 septembre. Concert le 28 septembre à Paris (Olympia).