Les choix culture du « Point » : plutôt « Yoga » ou Metallica ?

À voir, à lire et à écouter : on aime, on vous le dit. Black Lives Matter au cinéma, la rentrée des petits et, toujours, « Tenet »…

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L'écrivain Emmanuel Carrère chez lui, à Paris, le 19 août 2020.
L'écrivain Emmanuel Carrère chez lui, à Paris, le 19 août 2020. © Sébastien Leban pour « Le Point »

Temps de lecture : 6 min

Une séance de Yoga avec Emmanuel Carrère ?

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Il nous l'avait confié en janvier 2018, à la toute fin de l'entretien. Tiens, au fond, pourquoi n'écrirait-il pas un « petit livre » sur le yoga ? C'était le premier numéro de l'année. Le Point consacrait sa une à cette pratique de plus en plus plébiscitée et, sur la couverture, incarnant à merveille le dossier car pratiquant le yoga assidûment depuis vingt ans, Emmanuel Carrère se confiait, en position du lotus. Deux ans et quelques mois plus tard, voici donc ce livre, intitulé sobrement Yoga. Mais surprise, il n'est pas petit et parle aussi… de la dépression, surmontée par l'auteur de L'Adversaire à coups d'électrochocs à Sainte-Anne et de traitement à la kétamine, un remède pour cheval. Le yoga mènerait-il à tout, même à l'abîme ? Attention : une relation amoureuse douloureuse est aussi passée par là… Dans Yoga, Carrère nous raconte, avec cette langue inimitable, entre engagement du reportage et vertiges de l'introspection, mais aussi un humour parfois irrésistible, la transformation d'un ascète au périnée épanoui en zombie sous perf à claquettes couinantes. Un festin littéraire, une mimésis réussie de la vie comme elle va, et comme elle est sans doute toujours allée, entre mer calme et montagnes, forcément russes…

Lire aussi Emmanuel Carrère : « Je suis jaloux de Houellebecq »

« Yoga », d'Emmanuel Carrère (POL, 400 p, 22 euros).

Aux racines de Black Lives Matter

SPOT FIFDA 2020 from ArtMattan Productions on Vimeo.

Pour toutes celles et tous ceux qui se demandent ce que cachent les trois lettres BLM, si présentes dans les médias et sur les scènes américaines (les vraies, malheureusement…), voici l'occasion d'en savoir plus par cinéma sur petit écran interposé. Pour sa dixième édition, totalement en ligne cette année, le FIFDA (Festival international des films de la diaspora africaine), carrefour d'images de l'Afrique du continent et de toutes les histoires qui y sont universellement liées, met le cap sur les Noirs dans l'histoire, déchiffrant ainsi ce qui, bien avant de s'appeler Black Lives Matter, avançait dans la reconnaissance des minorités, aux USA et ailleurs. On regardera passionnément Dites-leur que nous avançons : l'histoire des universités noires aux États-Unis de Stanley Nelson ou encore Le Paris noir de Joanne Burke. Parmi les vingt films, dont huit inédits en Europe, le programme s'arrête aussi sur les thèmes de l'immigration (haïtienne à Cuba, avec Kafe negro : une histoire de migrations de Mario Delatour) et de la représentation des Noirs dans le cinéma et la télévision. Ainsi, au Brésil, où la communauté afro-brésilienne est plus que jamais discriminée, voir le film de Joel Zito Araujo La Négation du Brésil.

FIFDA Paris, dès 9 heures vendredi 4 septembre 2020
 et jusqu'à 23 h 55 dimanche 6 septembre.

Metallica, un air de classique

Quand on a envie d’écouter de la musique classique, on ne pense pas franchement à Metallica… Mais détrompez-vous ! Reconnu comme le plus grand groupe de heavy metal du monde grâce à ses tubes désormais classiques dans l’histoire du rock, « Enter Sandman », « Master of Puppets », « The Unforgiven », « One » ou encore la ballade « Nothing Else Matters », Metallica, et son répertoire aux guitares majestueuses et à la batterie puissante, se marie étonnamment bien avec les cordes et instruments à vent d’un orchestre symphonique. En 1999 déjà, le groupe en a fait l’expérience en donnant un concert avec l’orchestre symphonique de San Francisco, enregistré pour un disque baptisé « S & M », initiales non de « sadomaso » mais de « Symphonique et Metallica ». Vingt ans plus tard, Metallica a remis ça. « S & M 2 » est le produit de ces deux heures trente de concert, 22 morceaux réarrangés, des classiques, de nouvelles chansons… Accompagné d’un DVD du show filmé. Le résultat est puissant, dramatique, cinématographique.

« S & M 2 » de Metallica (Caroline).

Tenet vous bien avec le nouveau Christopher Nolan !

On le sait depuis Memento, Inception et Interstellar : le cinéaste anglo-américain Christopher Nolan est passionné de physique et aime jouer avec l'inversion du temps, passer du présent au passé pour changer le futur. Il aime jouer aussi avec les objets, comme faire sortir des balles d'un mur et les remettre dans le chargeur d'un revolver, inventer des poursuites en voiture à l'envers, casser un vrai Boeing et orchestrer des cascades démentes. Ce qu'il fait avec brio dans Tenet, dans lequel il mêle les codes du film d'espionnage à la science-fiction à travers l'histoire d'un espion hypercool (John David Washington) et de son double (Robert Pattinson) en mission pour sauver la planète des méfaits d'un méchant oligarque russe, Satov, joué par le génial Kenneth Branagh. On voyage beaucoup, de Kiev à Pompéi, et, pour un peu, on se croirait dans un James Bond converti à la physique quantique. Résultat : deux heures trente de grand spectacle, de sensations fortes à voir évidemment en salle, et de préférence en format IMAX pour en avoir plein les yeux. Déjà plus d'un million de spectateurs en une semaine !

Lire aussi Christopher Nolan nous raconte les secrets de « Tenet »

« Tenet » de Christopher Nolan, en salle.

En 2020, comment leur faire aimer l'école

© DR

Cette rentrée un peu particulière les inquiète eux aussi ? Voici l'album rêvé pour leur donner envie de découvrir les bancs de l'école malgré tout. 1,2,3… à l'école ! suit un petit lutin très curieux. En prévision de son entrée à la maternelle, il décide de faire le tour de toutes les classes de ses amis les animaux. À chacun ses activités : les grenouilles dessinent, les renards font du sport, les loups raffolent des histoires, les paresseux font la sieste… Au fil des pages fourmillantes de détails de ce grand album, les plus petits découvriront ce que l'école veut dire, ou se rafraîchiront la mémoire en vue du retour sur les bancs de la classe. L'autrice-illustratrice Marianne Dubuc a l'art de croquer des personnages adorables tout en donnant à voir une foule d'histoires. On lui doit également récemment Chez toi, chez moi (également chez Casterman), merveilleuse plongée dans un immeuble aux doux habitants (lapins, ours, hiboux…) menant leurs vies en parallèle. Mais aussi L'Autobus (La Martinière), malicieux clin d'œil au Petit Chaperon rouge à travers le périple en bus d'une petite fille qui va voir sa grand-mère. Sa spécialité ? Faire surgir un monde à chaque page, et donner au quotidien la richesse et le charme d'une aventure. De quoi stimuler l'imagination et exercer le regard…

« 1,2,3… à l'école ! », de Marianne Dubuc, Casterman, grand format, 32 p, 15,95 euros. De 3 à 6 ans.

Jusqu'ici tout va bien, un autre regard sur les cités

Le photographe et vidéaste JR (en bas) a rejoint l'école Kourtrajmé l'an dernier. 
 ©  DR
Le photographe et vidéaste JR (en bas) a rejoint l'école Kourtrajmé l'an dernier.  © DR
En 1995, La Haine, de Mathieu Kassovitz, jetait un coup de projecteur cru sur le mal-être des banlieues. Un quart de siècle plus tard, une trentaine d'élèves de l'école Kourtrajmé exposent au Palais de Tokyo ce que leur inspire l'univers cinématographique de ce film coup de poing. La proposition artistique qui en ressort est d'autant plus intéressante que l'établissement où ils ont été formés a été créé en 2018 par Ladj Ly : le réalisateur des Misérables sorti l'an dernier, qui se présente lui-même comme un « enfant de la haine ». Ladj Ly partage le même objectif que celui de Kassovitz : « changer notre regard sur les cités ». Les oeuvres des jeunes élèves de son école s'y emploient à merveille. Débordant de vitalité et d'humour (mais aussi de rage), elles expriment l'espoir que les choses changent enfin dans ces quartiers, que cesse le cercle infernal de la violence qui les gangrène mais qu'évolue aussi le regard que nous portons sur cette France qui n'en peut plus d'être qualifiée de « périphérique ». Qu'il s'agisse des très belles photos de Tassiana Aïttahar ou des installations vidéo de Maurad Dahmani, Muriel Biot, Andrea Ferrari ou encore Pablo Malek et Bilel Lélou, le pari est réussi.

« Jusqu'ici tout va bien », au Palais de Tokyo, 13, avenue du Président-Wilson, Paris 16e, jusqu'au 7 septembre. Plein tarif : 12 euros. Tarif réduit : 9 euros.

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Commentaire (1)

  • La Bogue

    Quel plaisir d’ajouter aux perles de Metallica quelques dimensions symphoniques qui remplissent très agréablement l’espace-temps.